Decoder le futur

Ce blog commente l'actualité des technologies de l'information et de la communication utilisées dans les relations industrie-commerce de la chaîne d'approvisionnement à la gestion de la demande.

jeudi 20 juin 2013

L’avenir des standards de communication dans le secteur des produits de grande consommation


Un récent rapport publié conjointement par Capgemini, le consumer goods forum et GS1 fait le point sur les standards de communication utilisés par les fournisseurs, distributeurs et logisticiens. Il s’agit pour l’essentiel des standards de code à barres, d’étiquette RFID, d’échange électronique et de traçabilité.
Les décideurs interrogés s’accordent pour reconnaître l’utilité de ces standards et pour convenir que le corpus existant satisfait les besoins du secteur. Ce n’est pas de développement de nouveaux standards dont ils ont besoin, mais d’une plus large et plus intense utilisation de ceux-ci.
Les standards existants sont loin d’avoir donné leur pleine mesure, certes l’identification par le GTIN (global trade item number) s’applique à presque 100% des produits, mais celle des unités d’expédition reste inférieure à 50% en nombre de références et a du mal à atteindre les 2/3 des volumes. Les échanges électroniques sont largement utilisés pour la commande mais encore insuffisamment pour l’avis d’expédition et la facture. Il reste beaucoup de processus qui pourraient être rendu plus fluide et moins incertains voir chaotiques par la dématérialisation, comme le paiement, le suivi de transport, le contrôle du niveau des stocks, la disponibilité des produits en rayon, l’animation et la gestion des sites de vente en ligne ...  
Dans les pays développés l’apport des standards dans la chaîne d’approvisionnement est une réduction de coûts estimée à environ 6% des ventes de détail, mais elle pourrait être de 10% avec une utilisation des standards étendue à toutes les entreprises et dans tous les champs d’application possible. L’enjeu en France est de quelques 10 milliards d’euros.  
La priorité est donc la promotion et le marketing des standards auprès des entreprises, les grandes et les moyennes pour étendre l’usage des standards dans tout le circuit de la vie des produits, les petites pour les embarquer dans une gestion digitale de leurs affaires.
L’étude publiée par Gapgemini consulting intitulée « l’avenir des standards dans le secteur des biens de consommation et ducommerce de détail dépeint avec justesse l’existant et propose avec justesse des pistes de progrès.

lundi 17 juin 2013

The Global Forum, Tokyo 2013

1000 délégués sont venus d’une quarantaine de pays. Le contenu des conférences étaient d’un très bon niveau. Les grandes tendances sont les suivantes par ordre d’importance :
1. La distribution va online and mobile (10% du CA à l’horizon 2017-18)
2. Dans tous les pays développés la population des plus de 60 ans représentera plus de 20% de la population dans les 5 ans à venir pour culminer à 70% en 2050, ils vivront seuls et dans des villes.
3. L’alliance de l’homme et de la machine pensante est inévitable. Le Big Data jouera un rôle crucial dans cette alliance
4. La distribution et l’industrie doivent assumer leurs responsabilités dans l’accroissement de l’obésité et du diabète.

Les enseignements sont les suivants :
1. Online et mobile vont poser de graves problèmes aux distributeurs et aux industriels. Les premiers doivent interroger leur modèle économique logistique pour gérer le dernier kilomètre, voir le dernier mètre que le consommateur ne veut plus faire à leur place.
De plus la fraction des consommateurs qui s’échappent vers le online est celle à pouvoir d’achat supérieur, les cadres par manque de temps et les vieux par manque de mobilité. La deuxième grande question sera donc celle de la portabilité de l’achat d’impulsion en ligne. C’est aussi un enjeu majeur pour les marques dont le marketing est fondé sur la nouveauté.
Ceci a deux conséquences, la qualité des données pour une logistique de précision, et le multimédia et le couponning pour l’animation de l’achat en ligne.
2. Le Japon est le premier pays à être confronté au vieillissement de la population. Le Président de AEON, comme celui de 7 eleven font les mêmes constats. La population âgée a besoin de proximité. Elles sont en manque d’activité sociale, et les magasins peuvent le combler en organisant des animations. Enfin elles sont de besoins de services de proximité en commençant par la commande en ligne ou au téléphone et la livraison à domicile.
3. Nous n’avons encore rien vu dans le domaine de la capacité de stockage, dans la puissance de traitement informatique et dans la miniaturisation. Par contre nous savons que le cerveau humain est fait de 30 milliards de neurones et que c’est précisément le nombre de transistors sur un circuit imprimé qui sera atteint en 2018. Ceci veut dire que le Brain Computer existera avant la fin de ce siècle (Masayoshi Son, Président fondateur de Softbank, 3ème opérateur mondial de télécommunication). En 2040, un téléphone portable pourra stocker 32 petabyte de données, soient l’équivalent de 500 milliards de chansons, 300 millions d’année de journaux, 30 000 ans de visionnage de vidéo. Le futur est donc celui de capacité de communication illimitée et de capacité de stockage illimitée. Le temps du big data est venu et avec lui celui des machines pour les rendre intelligibles et actionnables.
L’esprit humain n’est pas suffisamment rapide pour lire toutes les données disponibles, ni pour les associer entre elles. Seules les machines peuvent le faire. Ce que l’esprit humain sait faire c’est prendre une décision basée sur une analyse schématique d’un problème ou d’une situation, comme un joueur d’échec visualisant l’échiquier. Ce n’est pas vers l’Intelligence Artificielle que nous allons, mais vers l’intelligence augmentée par les machines.
Cette vision du futur conforte la nécessité de travailler sur l’utilisation des outils  pour piloter les machines (M2M), à nouveau de renforcer l’exigence de qualité et de précision dans la donnée.
4. La lutte contre l’obésité et le diabète est un enjeu non seulement de santé publique mais aussi d’économie publique. Aux états unis 1/3 de la population est obèse, en France 12% mais en chemin pour rattraper les états unis à l’horizon 2020. Les dépenses de santé d’une personne normale sont de 1000€ par an, celles d’un obèse sont de 7000€.
Danny Wegman s’est fait l’avocat de l’éducation des collaborateurs par la mise en place d’un programme de mesure de la pression sanguine et d’exercice physique. Comme la prohibition ne marche pas (Muhtar Kent Coca Cola)  il reste l’éducation et/ou les taxes.

lundi 11 février 2013

Viande de cheval, à qui la responsabilité? la traçabilité ou la qualité dans les lasagnes


L'affaire des lasagnes à la viande de cheval, supposées de bœuf, illustre le rôle respectif de la traçabilité et de la qualité, la traçabilité comme outil d’enquête, la qualité comme outil de production. Dans le cas présent elle pointe non pas les limites de la traçabilité mais celles de la qualité comme fonction de contrôle dans l'entreprise.  
La reconstitution rapide du chemin de traçabilité jusqu’au laboratoire roumain témoigne du bon fonctionnement des systèmes de traçabilité en Europe, de même que la réactivité des acteurs de la chaîne d’approvisionnement pour organiser le retrait des produits est une démonstration de procédures de traçabilité bien rôdées.
La traçabilité vise à reconstituer le chemin d'un produit ou d'un objet dans un enchaînement d'événements. Cette traçabilité sera dite amont si la recherche des traces se fait à partir du produit fini. C’est le cas dans la première phase de l'affaire des lasagnes. La viande de cheval est découverte dans les lasagnes, d'où vient-elle ? Et l'enquête aboutit en Roumanie. La traçabilité est dite avale quand l'enquêteur cherche où le produit à été envoyé, utilisé, consommé. C'est la deuxième phase de l'affaire ; si la viande de cheval a été trouvée dans Les lasagnes a-t-elle pu être  utilisée dans d’autres produits ? Le  soupçon pèse  sur d’autres produits,  les  moussakas, hachis, cannellonis, ou encore spaghettis bolognaises et c’est pourquoi leur  retrait  est organisé avec les enseignes de la distribution. La traçabilité en tant qu’outil de l’enquêteur montre là son efficacité. Elle concourt en cela à la sécurité du consommateur. Elle évite que la crise sanitaire , ce qui n’est pas le cas pour les lasagnes, ou la tromperie, dans le cas présent,  ne se propage plus avant.
La qualité en tant que fonction de l’entreprise a pour objectif de mettre en place des contrôles permettant d’assurer que les promesses d’une marque sur ses produits sont bien tenues vis-à-vis de ses clients et des consommateurs. Dans l’affaire des lasagnes, la marque n’a pas tenu sa promesse du 100% bœuf, parce que les procédures de contrôle n’ont pas été suffisantes. Ou pour le dire plus précisément dans le langage de la qualité, les points critiques n’ont pas  tous été identifiés et les contrôles appropriés mis en place. En effet le secret d’une bonne procédure qualité réside dans l’identification des étapes dans la procédure de fabrication où un risque de malfaçon peut se produire. Et dès lors d’y positionner les contrôles pour s’assurer du niveau de qualité souhaitée.
Il apparaît assez naturel que toutes les allégations nutritionnelles  figurant sur le conditionnement du produit fassent l’objet d’un contrôle avant commercialisation. C’est semble-t-il ce qui n’a pas été fait pour les lots de fabrication des produits incriminés, lasagnes, et autres. Cet épisode doit être une alerte pour tous les industriels de l’agro-alimentaire et tous les distributeurs sur le contrôle du respect des allégations obligatoires sur les produits. La directive européenne 1169/2011 fait obligation d’afficher en clair sur les sites marchand ces informations, la conformité des allégations n’engagera dès lors plus seulement le fabricant et la marque mais aussi le distributeur du produit.

dimanche 2 septembre 2012

Big Data et GS1


Big Data est un sujet avec lequel GS1, l’organisation du code à barres, a quelques familiarités. Le code à barres est un instrument de collecte de données, et dès son apparition dans les années 70, il a suscité des interrogations pour la protection de la vie privée du consommateur. Pour beaucoup ces mots, Big Data sonnent comme Big Brother, et  emportent l’imagination dans le monde de la science fiction.  Philip K Dick avec Minority Report ou Total Recall en a montré la face la plus sombre, Big Data est un instrument d’oppression même s’il échoue en final. Isaac Asimov avec le cycle « fondation »  a présenté une approche plus positive. Pour lui Big Data doit sauver la civilisation. Son personnage Hari Seldon, le mathématicien et psycho-historien a décrit les lois  gouvernant l’histoire et  la société.  L’objectif, et c’est toute la trame du cycle « fondation », est  de protéger la civilisation contre la barbarie. Pour l’un et l’autre, la fonction de Big Data est la prédiction, qu’elle soit opérationnelle, sociale, politique, peu importe. La prédiction découle de l’analyse de masse de données, de la capacité des algorithmes à en faire une lecture intelligente, et d’en tirer des décisions pour agir ou prévenir. Voilà la logique du Big Data.  
Mais ce triptyque a des points de faiblesse, l’exhaustivité et la qualité des données, la pertinence des  algorithmes de connaissance, la rapidité et la précision de l’action. GS1 s’intéresse  principalement et presque exclusivement au premier défi, qualité et exhaustivité, c’est dans ce domaine que son expérience est la plus grande. Concernant le troisième aspect, celui de l’action, la contribution de GS1 être de plus en importante. En effet, les technologies d’automatisation de collecte d’information (Code à Barres, RFID, Echange électroniques, …) sont aussi des outils d’automatisation des opérations complexes et répétitives qui constituent  le champ principal d’intervention de la robotique de demain.
La collecte de données est la fonction même du code à barres. Dès 1971 quand fournisseurs et distributeurs ont créé le groupe de travail pour développer le code que nous connaissons aujourd’hui, l’objectif était double, accélération et qualité du passage aux caisses et collecte de données de vente pour améliorer la disponibilité des produits et l’efficacité des promotions. Par la suite, le développement des échanges électroniques, des cartes de fidélité, du couponing, de la traçabilité, des catalogues électroniques ont contribué à accroître les possibilités d’accumuler des données sur la vie des produits et le comportement des consommateurs. La RFID, les serveurs d’évènements, le mobile commerce et l’internet des marchandises ouvrent des perspectives plus considérables encore d’accumulation d’information de la fourche à la fourchette, de l’étable à la table. Avec 10 milliards de transactions par jour aux caisses des magasins, la masse de données accumulées est considérable dans les historiques de vente des entreprises de produits de grande consommation.
A quoi servent toutes ces données amassées. Quatre  grands types d’applications font le quotidien des entreprises, la logistique (optimisation des approvisionnements, diminution des ruptures, ..), le merchandising (couponing, organisation des linéaires), le marketing (introduction des nouveaux produits, gestion des promotions, m-commerce) et la sécurité (traçabilité, lutte contre le vol, lutte contre la contrefaçon).
Mais pour que cela marche, il faut que les données soient fiables. C’est le principal écueil rencontré aujourd’hui. Si les données sont une mine d’or, les pépites sont encore constituées à 80% d’impureté selon les deux études les plus complètes menées en Angleterre et en Australie. Et encore ses études portent sur des données commerciales et logistiques simples, code à barres, poids, dimensions, … qu’en sera-t-il avec les images des produits, les données privées consommateurs. La qualité des données est l’enjeu majeur pour l’industrie des PGC à l’horizon 2020, aussi bien pour les magasins physiques que pour les ventes en ligne.
Et la solution peut se résumer en une expression qui résonne un peu comme l’antidote au Big Data, Open Data. Aujourd’hui l’open data est encore cantonné aux données gouvernementales ou à celles des collectivités locales, mais son avenir est d’embrasser aussi les données détenues par les entreprises et intéressant leurs clients, et en particulier les consommateurs. L’approche de GS1 est de toujours s’assurer que les informations sont collectées et contrôlées à la source et par l’autorité source. Pour les dire autrement, les données provenant d’un acteur sont collectées par l’acteur et celui-ci y a accès pour les contrôler, et cela est vrai qu’il s’agisse d’une entreprise, d’un consommateur ou d’un citoyen.
L’intelligence est le second défi, mais il semble plus facile à atteindre dans le contexte industriel et logistique en s’appuyant sur l’expérience des gens de métier. L’industrie des PGC ne manque pas d’exemples d’algorithmes de décision utilisant les données de vente croisées avec les profils de consommateur. Mais plus proche encore de GS1, les commandes assistées par ordinateur (CAO) en sont l’illustration la plus simple, mais bien qu’évidente elle encore peu répandue. Il n’est pas certain qu’elle soit utilisée dans la moitié des magasins de France. Plus sophistiquée, les outils de gestion partagée des approvisionnements sont une belle application de l’intelligence tirée du croisement entre flux des marchandises, historiques de ventes, animations des ventes, et données climatiques.
La troisième question, le passage de la prédiction à l’action est celle qui sera porteuse des plus grands bouleversements dans la vie des entreprises à l’horizon 2020. Le Big Data utilise des grandes masses données collectées à partir d’une multitude d’évènements pour décider intelligemment  sur des multitudes de flux ou de relations qui sont eux-mêmes des évènements. Pour être fiable et exhaustive la collecte est automatisée (code à barres, RFID, senseurs, transactions e-commerce, …) et les algorithmes prédisent et proposent … Pour être efficace les actions  ne peuvent être  qu’automatisées aussi. Ce sont des algorithmes qui dialoguent avec des algorithmes, des machines avec des machines. C’est bien ce qui se produit quand Twitter ou Facebook envoient un message du type « on ne vous voit plus sur le réseau » ou bien « X a peu d’amis, aider le ! », de même quand Amazon propose une sélection personnalisée de livres ou de disques.
Dans le monde physique de l’entrepôt, du magasin ou de l’usine, le big data devrait avoir les mêmes effets de « robotisation ». La production de données en provenance des clients, des fournisseurs, des logisticiens, des transporteurs, et des multiples capteurs dont les bâtiments, l’environnement, les machines, les produits seront équipés, sera telle que seuls des logiciels seront capables de prendre les décisions et d’actionner les robots pour réaliser les opérations nécessairement en temps réel.
Et ceci est d’autant plus vrai que la principale limite de la machine Big Data est qu’elle est dans l’environnement qu’elle contrôle et non pas à l’extérieure. Les actions qu’elle déclenche modifient son propre environnement et peuvent la conduire à des emballements comme ceux causés en bourse par les systèmes de trading automatiques. Un homme, encore éveillé dans le navire, devra intervenir pour déconnecter HAL. L’humain est indispensable pour insuffler de l’intelligence dans le big data et les mécanismes qu’il pilotera.
Cette possibilité constante de l’humain d’intervenir sur les données pour y apporter de la qualité, sur les algorithmes pour en contrôler l’intelligence, et sur les machines virtuelles ou physiques pour les piloter, c’est l’Open Data. Aujourd’hui l’intérêt se porte principalement sur les données et leurs collectes, à juste raison puisque sans elles il ne peut y avoir de prédiction juste. Mais le droit au contrôle des données reste encore à bâtir. La loi informatique et liberté  protège les particuliers avec le droit « d’accès », le droit de « rectification ». De nouveaux concepts apparaissent avec le  droit « à l’oubli », ou le droit « au silence des puces ». Les entreprises aussi devront être dotées de ce droit de protéger leurs données. Les premières applications d’information consommateur sur les caractéristiques des produits montrent combien les entreprises sont démunies face à l’usurpation de leurs données.
Big Data ne tiendra ses promesses de prédiction juste pour des décisions justes qu’en association avec l’Open Data à condition que cette ouverture soit offerte à tous les niveaux, la collecte, les algorithmes de prédiction et la conduite de l’action. Cette combinaison de puissance, d’intelligence et de participation reste encore à inventer.

jeudi 29 décembre 2011

Un code-à-barres pour réduire les invendus alimentaires et les déchets



Deux grands distributeurs européens ont commencé à déployer un nouveau code-à-barres en magasin, le GS1 Databar. L’objectif est d’améliorer la gestion des produits frais, de limiter les invendus et de faciliter les rappels de produits.
JMD (Jeronimo Martins Dystrybucja) le premier distributeur polonais avec 1700 points de vente a demandé à 11 de ses fournisseurs dans les rayons boucherie, volaille, boulangerie et fruits et légumes de marquer les produits préemballés avec un GS1 Databar. De son côté, Colruyt, le troisième distributeur belge avec 860 magasins a engagé le processus de migration du marquage poids variable classique en EAN13 vers le GS1 Databar avec 50 fournisseurs, dont certains français, allemands ou néerlandais.
L’avantage du GS1 Databar par rapport au code-à-barres classique est qu’il offre la possibilité d’encoder et de lire à la caisse non plus seulement le code de l’article vendu mais aussi la date limite de vente ou d'utilisation optimale, le numéro de lot de fabrication, et le prix ou le poids du produit. Cela facilite la mise en place d'opérations de déstockage des produits dont l’échéance de date limite est inférieure à 4 ou 5 jours et donc de réduire le volume des invendus. Le numéro de lots permet de traiter les rappels en magasin de façon plus automatisée avec les lecteurs portables.
JMD et Colruyt ne  sont pas les seuls à s’intéresser à ce nouveau code, Albert Heijn le premier distributeur hollandais a déjà fait des tests, Deen, toujours en Hollande, utilise le GS1 Databar sur les fleurs, Metro en Allemagne a conduit des pilotes. En France, le comité de gestion de GS1 en a fait un projet prioritaire pour l’année 2012.
L’enjeu du GS1 Databar en magasin n’est pas simplement économique, il est aussi sociétal. Les déchets alimentaires en France sont estimés à 8 millions de tonnes par an dont 10% proviennent de la distribution, ce qui est peu comparé aux 70% générés par les ménages. Néanmoins tout ce qui peut être fait pour réduire le gâchis do t l'être, quelques % d’invendus jetés en moins à la benne représentent plusieurs milliers de tonnes de produits alimentaires sauvés du gâchis.

vendredi 9 décembre 2011

La RFID, la clé de la performance opérationnelle des entreprises



A la fois code-barres électroniques et marqueurs antivol, les étiquettes RFID répondant au standard EPC (Electronic Product Code) investissent le marché de la distribution. Les promesses portées par la technologie RFID d’une plus grande visibilité - tant au niveau de la création et du suivi des produits, que de leur mise en avant en magasin - et de plus d’agilité dans la collaboration entre industriels et distributeurs sont en train de se réaliser.  Avec pour perspective d’offir au consommateur la garantie de trouver le produit qu’il cherche en linéaire.

Des données plus justes…
En fiabilisant et systématisant la capture des informations, la RFID offre au distributeur des données plus justes pour piloter plus finement son activité. Tout part du magasin. Une bonne fiabilité des données au départ remonte ensuite tout au long de la chaine d’approvisionnement.
La RFID permet d’augmenter la fréquence des inventaires puisque le gain de productivité entre un inventaire réalisé avec le code à barres et un inventaire réalisé à l’aide de la RFID est de l’ordre de 6000%. En d’autres termes, il faut 60 fois moins de temps pour réaliser un inventaire avec de la RFID par rapport au code à barres (12000 articles à l’heure lus avec la RFID versus 200 avec le code à barres). Ainsi chez Serge Blanco, 10 personnes étaient à l’œuvre pour recevoir 20000 articles avec le code à barres. Avec la RFID, elles sont deux et elles réceptionnent 35000 articles. Ce qui permet de redéployer les huit autres à la relation client.
Dans le même temps, elle permet d’augmenter la fiabilité des inventaires réalisés. Ainsi Dillard’s et Bloomingdale ont gagné 96% du temps nécessaire pour réaliser un inventaire tout en augmentant la fiabilité de cet inventaire de 17 à 27%. Aux Etats-unis, les déploiements des étiquettes EPC ont fait croitre le taux de fiabilité des inventaires à 95% contre un taux préalable moyen de 65%.

… pour répondre à une problématique business : la rupture de stock
La principale difficulté opérationnelle en magasin reste la rupture de stock. Estimée à 10% en moyenne dans la distribution, elle engendrerait jusqu’à 6,6% de perte de chiffre d’affaires (source ECR France). Aux Etats-unis, le taux moyen de rupture est estimé à 8% et les pertes de ventes associées à 3,2% pour les distributeurs et 2,8% pour les industriels. Par ailleurs, 41% des ventes perdues pour cause de ruptures de stocks sont liées à un inventaire erroné. Autres  chiffres proposés par Checkpoint : 15 % des manquants sont en réserve et 18% des articles réassortis sont soldés. Or, la RFID en améliorant la fiabilité et la fréquence des inventaires améliore la fiabilité des données de stocks. Cette dernière est clé car des stocks surévalués dans le système d’information résultent en rupture et des stocks sous-évalués amènent à opérer des réductions de prix pour écouler les stocks obsolètes. Mais c’est combinée à la connaissance des emplacements de chaque produit qu’elle permet de diminuer les ruptures et de garantir la disponibilité des produits en linéaire. Ce qui permet d’éviter les situations de NOSBOS (not on shelf but on stock).  Ainsi la baisse des ruptures en point de vente liée à l’utilisation de la RFID est estimée entre 20 et 50% alors que dans le même temps la RFID impacte aussi favorablement le niveau de stocks. American Apparel fait ainsi état d’une diminution de 15 % de ses niveaux de stocks. Checkpoint mentionne un gain de temps de 18% pour localiser un produit sur la surface de vente.

Avec pour conséquence une augmentation du chiffre d’affaires :
Pour Cléor, enseigne spécialisée dans la distribution de bijoux, la mise en place de la RFID au niveau de l’article, a eu pour conséquence une augmentation du chiffre d’affaires de 18%.  Aux Etats-unis, les hausses du CA liées à la mise en œuvre de la RFID oscillent entre 2 et 20 %.

D’autres domaines de rentabilité existent
Si le business model repose principalement sur une meilleure fiabilité des données de stocks, d’autres domaines de rentabilité sont à signaler.
Les étiquettes EPC permettent d’étendre le contrôle réception à tous les articles entrants tout en diminuant les ressources humaines utilisées à ces tâches. Ainsi pour Cléor, la RFID a permis de fiabiliser la réception et l’expédition des marchandises et de diminuer les erreurs de préparation en entrepôt. Ce meilleur contrôle logistique s’est répercuté au niveau du magasin où la gestion des réceptions s’est fluidifiée.
Par ailleurs, les étiquettes EPC couvrent la fonction de protection électronique des produits avec un niveau de fiabilité technique égale aux solutions EAS dédiées. En tant que tel, ce recouvrement fonctionnel permet la suppression de l’étiquette EAS, ce qui constitue un facilitateur de ROI. Les étiquettes EPC présentent aussi des perspectives de réduction de la démarque : de par la sécurisation du processus d’encaissement, de par la sécurisation des zones logistiques, mais aussi, du fait que leur mise en œuvre se traduise par l’augmentation de la proportion des produits protégés.

La mode et l’habillement est le premier secteur à basculer 
La croissance des étiquettes EPC est largement portée par le secteur de la mode/habillement où le volume de consommation atteint 1,5 milliard d’unités en 2011. Ce secteur s’appuie sur un modèle économique attractif qui cumule rentabilité à court-terme et avantages compétitifs structurels.
Les produits de la mode et de l’habillement  cumulent un certain nombre de caractéristiques qui rendent pertinente l’utilisation des étiquettes EPC. Ce sont des produits pour lesquels la rupture est invisible. L’identification des ruptures est particulièrement difficile du fait de leur gestion à un niveau taille / modèle/coloris. La constatation de la rupture par un simple contrôle visuel est généralement impossible car c’est une taille dans une couleur qui va être en rupture et non une référence complète. Ce sont par ailleurs des produits pour lesquels la prédestination est forte. Ces produits ne sont pas facilement substituables (marque, taille, couleur, modèle etc). Leur prix de vente et les marges pratiquées permettent de supporter le surcoût de marquage aux environ de 0,1€ par article. Ce sont des produits que la saisonnalité rend vite obsolètes donc pour lesquels la démarque commerciale est un enjeu. Et enfin des produits ciblés par le vol.
Les distributeurs américains ont privilégié une approche qui repose deux principaux piliers : le contrôle des livraisons entrepôt et l’ajustement du montant des factures d’une part, le contrôle des stocks magasin et leur conséquence sur le chiffre d’affaire des points de vente d’autre part.

Les paybacks sur le marché américain, animé par Wal-Mart, JC Penney et Macy’s, sont estimés dans une fourchette de 9 à 18 mois selon les cas de figure.
D’autres filières présentent des caractéristiques comparables, comme celles du bricolage, du sport et de la culture. Elles aussi pourraient adopter un modèle d’usage similaire mais n’affichent pour l’heure pas le même dynamisme.
Avec le contrôle des stocks magasin, le contrôle des flux logistiques ainsi que la suppression des étiquettes antivol spécifiques, l’EPC propose trois domaines de rentabilité complémentaires dont on observe qu’il n’est nullement impératif de les cumuler pour obtenir un ROI attractif dans le secteur de la mode et de l’habillement. Ces déploiements entrent ainsi dans un cadre tout à fait conventionnel au regard des critères d’éligibilité des projets d’investissements. Ils ouvrent aussi la voie à l’innovation dans le domaine de la relation client.

Les bénéfices de la RFID ne se limitent pas au distributeur : le business case pour les industriels
Pour qu’ils soient pleinement opérationnels, les bénéfices de la RFID doivent remonter tout le long de la chaine d’approvisionnement. Le business case pour les industriel se situe au niveau de l’entrepôt et réside dans l’optimisation des  entrées et sortie et la validation du processus de picking. La RFID permet d’augmenter la fiabilité des inventaires et de la préparation de commande en entrepôt tout en diminuant les ressources nécessaires pour y arriver.  La principale difficulté pour l’industriel est le temps nécessaire à un déploiement à grande échelle sur tous ses produits. C’est plus facile pour les plus petits.

dimanche 19 juin 2011

Global Summit 2011 du TCGF, vers un capitalisme responsable et technologique

Barcelone, le 18 juin 2011
Le Global Summit, organisé du TCGF (the Consumer Good Forum) avait pour thème « Better Lives through Better Business » ce qui traduit bien un des sujets majeurs des conférences, la responsabilité sociale des multinationales des produits de grande consommation et des distributeurs. Mais plus encore que cette volonté des entreprises d'agir et de conduire leurs affaires en suivant une certaine éthique, le thème de la conférence est l'adaptation à la révolution de l'internet comme nouveau canal de ventes, mais aussi et de surtout de diffusion d'avis et d'opinion sur les produits et les marques.
En introduction du sommet, Lars Olofsson, CEO de Carrefour, a annoncé trois nouvelles résolutions adoptées par le Consumer Goods Forum sur le thème « Santé et Bien-être du consommateur ». La première est la promesse de mettre sur le marché des produits plus sains, la seconde est la volonté de mettre à disposition du consommateur des outils d'information et enfin la troisième est de développer des programmes d'éducation. Ces résolutions s'ajoutent aux engagements sur le zéro déforestation à l'échéance de 2020 et l'arrêt d'émission de HFC en 2015.
Certaines voix comme celle de Guido Barilla, président du groupe Barilla, se sont exprimées pour regretter le manque d'ambition des résolutions, et en particulier sur la première, l'absence d'engagement chiffré sur le nombre de référence en produits « plus sains ».
Guido Barilla a insisté sur la simplicité du message à faire passer au consommateur, « eat less » pour faire face à la plus grande menace des temps présents, le diabète, la maladie qui progresse le plus vite dans le monde aujourd'hui, et qui peut mettre en péril tous les systèmes de santé du monde.
En écho à Barilla, Franck Riboud, Président de Danone, a montré que la responsabilité sociale de l'entreprise devait s'inscrire dans une démarche cohérent au sein de l'entreprise. Si les objectifs citoyens sont aussi important que les objectifs économiques, alors les bonus des cadres dirigeants doivent en tenir compte. Et c'est ainsi que chez Danone les bonus font une reconnaissance à part égale de l'economique, du management et du RSE.
Sur la deuxième résolution concernant la mise à disposition de moyens pour informer le consommateur, Dick Boer, CEO de Royal Ahold, a clairement fait référence à GS1 comme étant l'organisation capable d'organiser cette circulation d'information vers le consommateur.
Dans le domaine de l'adoption et de l'utilisation des technologies, il a été rappelé par Peter Hinssen, auteur du livre New Normal, que les entreprises ont pris un retard considérable par rapport au consommateur dans l'utilisation des technologies. « Qu'est que le travail pour une personne de 25 ans aujourd'hui, demande Peter Hinssen, le court moment de la journée pendant lequel on utilise de vieilles technologies ». Deux règles dans cette époque technologique pour satisfaire le consommateur, « no failure » et « good enough ». La solution ne doit jamais être indisponible mais le service n'a pas besoin d'être parfait, il doit être suffisant, comme wikipédia (toujours disponible mais pas l'encyclopédie parfaite).
Hans Eysink Smeets, Président de Eysink Smeets  dit la même chose quand il pointe du doigt la progression fulgurante des « information retailers »  qui en faisant appel de façon intensive aux technologies de l'information ont été capable de briser le vieux principe de Porter de « l'avenue des compromis entre prix et valeur » pour offrir au consommateur, le plus souvent sur internet (Amazon, voyagiste, …), mais pas toujours (H&M, ZARA, IKEA, …) un espace où le consommateur n'a plus besoin de faire  de compromis entre valeur et prix. Cette révolution de l'information est aussi valable pour les fabricants. Hans Eysink Smeets ébaucha la description de nouveaux acteurs de la logistique capable de transformer la distribution des produits.
Cette révolution de l'information frappera d'autant plus les acteurs que leurs produits ou services contiennent une part importante d'information. Hans illustra son propos avec la disparition presque totale des pornoshop sur le chemin de la gare à son bureau à Amsterdam. Mais la révolution de l’information dans le domaine de la distribution est souterraine, et terriblement radicale. Elle se produit de façon insoupçonnée dans un segment de marché et tout d’un coup elle apparaît au grand jour et c’est trop tard, impossible d’y échapper.
Pour conclure, Klaus Dohle, CEO de Dohle Handelsgruppe Holding, fit part de la volonté du TCGF de recruter de nouveaux membres au sein du Conseil, sans doute pour répondre aux défis de l'information retailing autant que de la responsabilité des entreprises des biens de consommation vis de la société et des citoyens-consommateurs.