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vendredi 9 décembre 2011

La RFID, la clé de la performance opérationnelle des entreprises



A la fois code-barres électroniques et marqueurs antivol, les étiquettes RFID répondant au standard EPC (Electronic Product Code) investissent le marché de la distribution. Les promesses portées par la technologie RFID d’une plus grande visibilité - tant au niveau de la création et du suivi des produits, que de leur mise en avant en magasin - et de plus d’agilité dans la collaboration entre industriels et distributeurs sont en train de se réaliser.  Avec pour perspective d’offir au consommateur la garantie de trouver le produit qu’il cherche en linéaire.

Des données plus justes…
En fiabilisant et systématisant la capture des informations, la RFID offre au distributeur des données plus justes pour piloter plus finement son activité. Tout part du magasin. Une bonne fiabilité des données au départ remonte ensuite tout au long de la chaine d’approvisionnement.
La RFID permet d’augmenter la fréquence des inventaires puisque le gain de productivité entre un inventaire réalisé avec le code à barres et un inventaire réalisé à l’aide de la RFID est de l’ordre de 6000%. En d’autres termes, il faut 60 fois moins de temps pour réaliser un inventaire avec de la RFID par rapport au code à barres (12000 articles à l’heure lus avec la RFID versus 200 avec le code à barres). Ainsi chez Serge Blanco, 10 personnes étaient à l’œuvre pour recevoir 20000 articles avec le code à barres. Avec la RFID, elles sont deux et elles réceptionnent 35000 articles. Ce qui permet de redéployer les huit autres à la relation client.
Dans le même temps, elle permet d’augmenter la fiabilité des inventaires réalisés. Ainsi Dillard’s et Bloomingdale ont gagné 96% du temps nécessaire pour réaliser un inventaire tout en augmentant la fiabilité de cet inventaire de 17 à 27%. Aux Etats-unis, les déploiements des étiquettes EPC ont fait croitre le taux de fiabilité des inventaires à 95% contre un taux préalable moyen de 65%.

… pour répondre à une problématique business : la rupture de stock
La principale difficulté opérationnelle en magasin reste la rupture de stock. Estimée à 10% en moyenne dans la distribution, elle engendrerait jusqu’à 6,6% de perte de chiffre d’affaires (source ECR France). Aux Etats-unis, le taux moyen de rupture est estimé à 8% et les pertes de ventes associées à 3,2% pour les distributeurs et 2,8% pour les industriels. Par ailleurs, 41% des ventes perdues pour cause de ruptures de stocks sont liées à un inventaire erroné. Autres  chiffres proposés par Checkpoint : 15 % des manquants sont en réserve et 18% des articles réassortis sont soldés. Or, la RFID en améliorant la fiabilité et la fréquence des inventaires améliore la fiabilité des données de stocks. Cette dernière est clé car des stocks surévalués dans le système d’information résultent en rupture et des stocks sous-évalués amènent à opérer des réductions de prix pour écouler les stocks obsolètes. Mais c’est combinée à la connaissance des emplacements de chaque produit qu’elle permet de diminuer les ruptures et de garantir la disponibilité des produits en linéaire. Ce qui permet d’éviter les situations de NOSBOS (not on shelf but on stock).  Ainsi la baisse des ruptures en point de vente liée à l’utilisation de la RFID est estimée entre 20 et 50% alors que dans le même temps la RFID impacte aussi favorablement le niveau de stocks. American Apparel fait ainsi état d’une diminution de 15 % de ses niveaux de stocks. Checkpoint mentionne un gain de temps de 18% pour localiser un produit sur la surface de vente.

Avec pour conséquence une augmentation du chiffre d’affaires :
Pour Cléor, enseigne spécialisée dans la distribution de bijoux, la mise en place de la RFID au niveau de l’article, a eu pour conséquence une augmentation du chiffre d’affaires de 18%.  Aux Etats-unis, les hausses du CA liées à la mise en œuvre de la RFID oscillent entre 2 et 20 %.

D’autres domaines de rentabilité existent
Si le business model repose principalement sur une meilleure fiabilité des données de stocks, d’autres domaines de rentabilité sont à signaler.
Les étiquettes EPC permettent d’étendre le contrôle réception à tous les articles entrants tout en diminuant les ressources humaines utilisées à ces tâches. Ainsi pour Cléor, la RFID a permis de fiabiliser la réception et l’expédition des marchandises et de diminuer les erreurs de préparation en entrepôt. Ce meilleur contrôle logistique s’est répercuté au niveau du magasin où la gestion des réceptions s’est fluidifiée.
Par ailleurs, les étiquettes EPC couvrent la fonction de protection électronique des produits avec un niveau de fiabilité technique égale aux solutions EAS dédiées. En tant que tel, ce recouvrement fonctionnel permet la suppression de l’étiquette EAS, ce qui constitue un facilitateur de ROI. Les étiquettes EPC présentent aussi des perspectives de réduction de la démarque : de par la sécurisation du processus d’encaissement, de par la sécurisation des zones logistiques, mais aussi, du fait que leur mise en œuvre se traduise par l’augmentation de la proportion des produits protégés.

La mode et l’habillement est le premier secteur à basculer 
La croissance des étiquettes EPC est largement portée par le secteur de la mode/habillement où le volume de consommation atteint 1,5 milliard d’unités en 2011. Ce secteur s’appuie sur un modèle économique attractif qui cumule rentabilité à court-terme et avantages compétitifs structurels.
Les produits de la mode et de l’habillement  cumulent un certain nombre de caractéristiques qui rendent pertinente l’utilisation des étiquettes EPC. Ce sont des produits pour lesquels la rupture est invisible. L’identification des ruptures est particulièrement difficile du fait de leur gestion à un niveau taille / modèle/coloris. La constatation de la rupture par un simple contrôle visuel est généralement impossible car c’est une taille dans une couleur qui va être en rupture et non une référence complète. Ce sont par ailleurs des produits pour lesquels la prédestination est forte. Ces produits ne sont pas facilement substituables (marque, taille, couleur, modèle etc). Leur prix de vente et les marges pratiquées permettent de supporter le surcoût de marquage aux environ de 0,1€ par article. Ce sont des produits que la saisonnalité rend vite obsolètes donc pour lesquels la démarque commerciale est un enjeu. Et enfin des produits ciblés par le vol.
Les distributeurs américains ont privilégié une approche qui repose deux principaux piliers : le contrôle des livraisons entrepôt et l’ajustement du montant des factures d’une part, le contrôle des stocks magasin et leur conséquence sur le chiffre d’affaire des points de vente d’autre part.

Les paybacks sur le marché américain, animé par Wal-Mart, JC Penney et Macy’s, sont estimés dans une fourchette de 9 à 18 mois selon les cas de figure.
D’autres filières présentent des caractéristiques comparables, comme celles du bricolage, du sport et de la culture. Elles aussi pourraient adopter un modèle d’usage similaire mais n’affichent pour l’heure pas le même dynamisme.
Avec le contrôle des stocks magasin, le contrôle des flux logistiques ainsi que la suppression des étiquettes antivol spécifiques, l’EPC propose trois domaines de rentabilité complémentaires dont on observe qu’il n’est nullement impératif de les cumuler pour obtenir un ROI attractif dans le secteur de la mode et de l’habillement. Ces déploiements entrent ainsi dans un cadre tout à fait conventionnel au regard des critères d’éligibilité des projets d’investissements. Ils ouvrent aussi la voie à l’innovation dans le domaine de la relation client.

Les bénéfices de la RFID ne se limitent pas au distributeur : le business case pour les industriels
Pour qu’ils soient pleinement opérationnels, les bénéfices de la RFID doivent remonter tout le long de la chaine d’approvisionnement. Le business case pour les industriel se situe au niveau de l’entrepôt et réside dans l’optimisation des  entrées et sortie et la validation du processus de picking. La RFID permet d’augmenter la fiabilité des inventaires et de la préparation de commande en entrepôt tout en diminuant les ressources nécessaires pour y arriver.  La principale difficulté pour l’industriel est le temps nécessaire à un déploiement à grande échelle sur tous ses produits. C’est plus facile pour les plus petits.

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