Ce blog commente l'actualité des technologies de l'information et de la communication utilisées dans les relations industrie-commerce de la chaîne d'approvisionnement à la gestion de la demande.

samedi 17 juillet 2010

De l’illusion d’un langage électronique universel du commerce.

Est –il possible de proposer plus de 20 ans après l’invention de l’EDI un nouveau langage électronique inter-entreprise et d’en faire le point de convergence de tout ceux créés par le passé? C’est ce qu’UN/CEFACT propose aujourd’hui et il est des experts dans la communauté GS1 pour suivre cette quête d’un esperanto mondial du commerce électronique.
Le point de départ de la discussion et le postulat initial est que les entreprises ont besoin d’interopérabilité dans leurs relations commerciales machine à machine. Elles trouvent celle-ci assez naturellement dans la sphère de leur communauté rapprochée. Avec les partenaires commerciaux les plus importants et ceux avec lesquels les relations sont les plus fréquentes, des langages électroniques se sont cristallisés pour accélérer et fiabiliser les transactions. C’est ainsi que nationalement, régionalement, et par secteurs des langages se sont imposés, EANCOM, Tradacom, ANSI X12, HL7 pour la santé, Editeur pour le livre, … Et de nouveaux continuent à émerger comme GUSI pour les relations amonts, UBL pour les achats du secteur publique, etc …
Mais les entreprises commercent au-delà de leur cercle rapproché. Certaines d’entre elles, les plus grosses,  échangent avec plusieurs secteurs et opèrent sur tous les continents. Et leur taille les autorisent à réclamer une simplification des champs des possibles ou au minimum des solutions d’interopérabilité faciles à mettre en œuvre quand elles veulent établir une relation commerciale électronique dans un nouveau secteur ou une nouvelle région.
Reconnaissant ce besoin d’interopérabilité, qui reste à confirmer au-delà de la générosité de l’idée, les experts du commerce électroniques sont à la recherche de solutions. Celles-ci peuvent venir de   deux directions, celle de l’automatisation de la traduction un pour un des langages par des traducteurs informatiques, celle de la traduction automatique vers un langage pivot universel, selon les deux schémas ci dessous.

Le défaut de la première approche est son caractère exponentiel, celui de la deuxième est la création de l’esperanto lui-même qui devient un nième langage dont la reconnaissance n’est pas garantie et dont l’élaboration nécessite un énorme effort de concertation et est en soi projet sans fin nécessitant l’établissement d’une organisation dédiée ou le renforcement des ressources d’UN/CEFACT.
Dans les deux cas l’aventure nécessitera des efforts considérables de développement et de maintenance. Mais elle est surtout vouée à l’échec, par le caractère illusoire du présupposé de départ. C’est le principe même de la traduction d’un langage d’affaire dans un autre qui est problématique. L’environnement des affaires qu’il soit manuel ou électronique est non seulement complexe et fait de subtilité, mais il est aussi changeant, dépendant des législations locales et porté par l’imagination des businessmen. Commercer électroniquement nécessite que le système informatique de l’entreprise intègre les règles de la relation commerciale et devienne rapidement fluide dans les langues commerciales des partenaires.
La solution de l’interopérabilité informatique et commerciale entre entreprises n’est pas dans la traduction des langages informatiques et des processus, mais dans la précision de leur documentation  pour permettre une adoption rapide et précise. Commercer avec un nouveau partenaire commence par l’apprentissage de ses pratiques commerciales. Et c’est le rôle des communautés que d’assurer la qualité de la documentation de leurs pratiques. C’est ce que GS1 fournit à ses membres.
Autant le travail d’UN/CEFACT à la fin des années 80 a été fondateur. Il a permis d’établir les bases d’une nouvelle technique d’échange de machine à machine, et le premier langage complet d’échange électronique, EDIFACT. Mais depuis, cette œuvre initiale a été reprise, transformée, il en résulte une prolifération des langages de communautés d’affaires. Dans chacune de ses communautés, l’utilisation s’est intensifiée, sophistiquée et les dictionnaires, les syntaxes ont pris leur autonomie. Aucun esperanto ne pourra construire un pont praticable entre eux et capable de supporter des échanges commerciaux fiables.  C’est donc une illusion que d’entreprendre le développement d’un nouveau langage universel. Et GS1 devrait se désengager d’un tel effort et s’attacher à la qualité du développement de son propre langage tout en établissant des collaborations étroites avec les autres communautés disposant aussi de langages électronique pour aider les entreprises à intégrer plus facilement les langages de ces communautés adjacentes. 

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